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DANS LA CONDUITE
D’UNE POLITIQUE
HANDICAP
Citons comme exemple le cas de cette entreprise de négoce qui a investi beaucoup de
temps dans la recherche de candidats handicapés (annonces sur des sites spécialisés,
participation à des salons,…).
Cet investissement fut couronné de succès lors de
l’embauche d’un candidat issu d’un domaine d’activité proche et qu’il convenait « juste »
de former aux produits. Deux facteurs se sont cependant conjugués pour conduire à un
échec : la sous-estimation du temps nécessaire à l’acquisition par cette personne des
nouvelles connaissances dans un contexte d’urgence où personne dans l’entreprise ne
pouvait lui dédier du temps, et l’absence de prise en compte des conséquences
invisibles (douleurs du membre fantôme imposant un traitement lourd) d’un handicap
physique (perte d’une jambe dans un accident) que l’on pensait sans conséquence sur
une activité commerciale sédentaire.
(
Entreprise de négoce - secteur de la chimie)
Le temps (au sens de la durée) d’un tel projet va donc être un temps long, voire très
long, ce qui peut entrer en contradiction avec les processus habituels de
transformation de la structure et ainsi engendrer des incompréhensions en interne,
notamment chez les décideurs.
Au démarrage des actions, il sera naturellement nécessaire de préciser le cadre
global (allant des constats ayant conduit à mener une politique handicap, les
enjeux identifiés de cette politique, les objectifs à atteindre, …) mais aussi de
positionner immédiatement la démarche dans la durée. Afin de permettre aux
collaborateurs de percevoir la cohérence du projet il faudra expliquer l’ordre dans
lequel les actions se succéderont ou se chevaucheront, et expliquer pourquoi.
Les éléments ci-dessus nous renvoient à la nécessité d’une réflexion en amont
aboutie concernant le plan d’action (stratégie). Ainsi, l’engagement pris par le biais
d’une Convention avec l’AGEFIPH (d’une durée de 2 ans), d’un Accord agréé avec la
DIRRECTE (durée de 3 ans) ou encore d’un accord interne sans agrément (durée à
discrétion des parties) permet de formaliser cette notion de durée.
Un dernier élément nous semble essentiel à étudier dans la relation au temps. Il
concerne la mesure des résultats des politiques handicaps. Dans un monde
professionnel où les objectifs reposent très largement sur une approche quantitative,
on se retrouve ici dans des projets dont la pertinence et les résultats sont davantage
évaluables au plan qualitatif que quantitatif. Or l’évaluation de ce type de résultat est
plus difficile et les changements sont plus longs à se dessiner. On peut ici citer
comme exemple la construction d’un climat de confiance propice à la déclaration de
handicap. A ce titre, la logique des « quick wins » (victoires rapides) visibles pourra
utilement être mobilisée pour soutenir le projet.
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